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le blog de stendab
27 juin 2006

l'affaire du concombre et des pépins.....

[ ] Extraits tirés du Canard Enchaîné, France, 8 février 2006. (...) Il nous vient de l’Inde, et on trouve encore son ancêtre sauvage dans les vallées subtropicales de l’Himalaya. Non seulement le concombre est naturellement amer, mais il a une fâcheuse tendance à vouloir se reproduire dans le champ du paysan, donc à fabriquer des pépins... Or le consommateur est dressé pour n’aimer que les fruits et légumes sucrés et standardisés. Après avoir passé au crible 15 000 plantes, les sélectionneurs hollandais ont, dans les années 70, découvert un concombre de la variété anglaise « long vert amélioré » qui avait la particularité d’être dépourvu d’amertume : c’est de ce seul et unique spécimen, dont on ne cesse de tirer des variétés hybrides dites parthénocarpiques (c’est-à-dire sans pépins), que proviennent quasiment tous les concombres qu’on trouve aujourd’hui dans le commerce : 33 des 36 variétés de concombres inscrites au catalogue officiel - qui recense tous les légumes, fleurs et céréales autorisés à la vente - proviennent de ce Concombre Originel. Et voilà pourquoi votre concombre est fadasse. Le hic, c’est qu’il existe une abondante et joyeuse troupe de concombres amoureusement cultivés, sélectionnés et améliorés depuis des lustres par des paysans du monde entier. Connaissez-vous le Satsuki Madori originaire d’Asie, le Scopatizzo Barese venu d’Italie, le Nejinsky russe, etc. ? Dans le catalogue 2005 de l’association Kokopelli, qui défend le droit à l’existence de ces variétés dites anciennes, on en trouve pas moins de 47. Problème : ces graines sont complètement hors la loi. Tout comme les variétés anciennes de tomates (plus de 300), de piments (idem), de laitues (une centaine), de courges (idem), d’aubergines (une cinquantaine), etc. Et du coup un semencier de Nancy, la maison Baumaux, vient d’assigner en justice Kokopelli pour concurrence déloyale, exigeant qu’elle cesse la commercialisation de 461 plantes et lui demandant 50 000 euros pour préjudice commercial. La France a, en effet, cette particularité bureaucratique, inconnue par exemple au Canada ou aux États-Unis : toute espèce végétale qui n’est pas inscrite au catalogue officiel n’a aucun droit d’être semée ni commercialisée. Certes, pour laisser vivre les anciennes variétés potagères, le législateur a bien créé en 1997 un registre, « Variétés annexes pour jardinier amateurs »... Mais, pour y inscrire une variété, il faut débourser pas moins de 242,90 euros ! Or depuis un demi-siècle quasiment toutes les espèces cultivées connaissent le syndrome du concombre fadasse : l’agrobusiness s’est détourné des variétés anciennes pour mieux vendre ses « hybrides F1 », c’est-à-dire des variétés obtenues en croisant deux lignées hybrides, ce qui donne des clones hétérozygotes (ayant reçu de leurs parents des gènes différents), explique Jean-Pierre Berlan, directeur de recherche à l’Inra, dans sa préface au catalogue Kokope1li. Ces clones sont pareils à des prototypes de formule 1 : hypercompétitifs, mais vite hors course. Il leur faut beaucoup d’ « intrants » (pesticides, engrais) ; chaque année, le paysan doit en racheter (quand on les ressème, ils perdent la moitié de leurs qualités) ; et ils sont incapables de s’adapter aux aléas climatiques, au sol, aux parasites (...) Dans ce contexte, le destin des semences anciennes, qui peuvent être ressemées chaque année gratuitement et ne génèrent donc aucune plus-value, est tout tracé : rester sagement au congélateur en attendant que des chercheurs s’avisent d’aller en extraire quelques gènes utiles pour mettre au point leurs semences high-tech. Les quelque 3 000 militants potagers réunis au sein de l’association Kokopelli basée à Alès ont une autre vision de la biodiversité. Pour eux, celle-ci s’entretient d’abord et avant tout dans les champs, et ce depuis douze mille ans, grâce aux observations et aux sélections des producteurs professionnels comme des amateurs chevronnés. A son catalogue, pas moins de 1 200 variétés, anciennes, qu’elle fait vivre grâce à des bourses d’échange, et dont elle fait profiter gratis une cinquantaine de pays du tiers-monde, en y envoyant. des sachets de semences bio. (...) Par Jean-Luc Porquet2003concombrejaune
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